Poème Vivotel
Un poète a chanté Avril au portugal
Et Vitotel en mai, vaut bien un madrigal.
Un modeste chemin, qui s'enfuit loin du bruit,
Et semble auprès des bois aller chercher l'oubli,
Vous fera découvrir un humble coin charmant
Embaumé d'aubépine et resté bien normand.
Désespérant de l'homme, outré de ses folies,
La nature a choisi ces bois et ces prairies,
Tendu ses verts tapis brodés de paquerettes
Bardant des lits de mousse ourlés de violettes :
Tout un enchantement, pour fêter dignement,
A son retour d'exil, son amant le Printemps.
Quand l'aurore se lève à l'horizon vermeil,
Les larmes de la nuit scintillent au soleil :
Rosée de diamants sur fonds de velours vert,
De l'herbage, tentant comme un écrin ouvert,
Et de tous les taillis et des haies et des bois
monte l'hymne au soleil, chanté à pleine voix.
Hors des sillons voisins, répond aux passereaux,
Claires notes perlées, montant toujours plus haut,
Le chant de l'alouette. Et les merles frondeurs,
La jacassante pie et les geais tapageurs,
Sément un beau désordre au milieu des buissons
D'où fuient éperdument fauvettes et pinsons.
Aux pieds de vieux ormeaux, de merisiers en fleurs,
De leurs ors, des genêts, déposent la splendeur.
L'étourdi lapereau, grisé de serpolet,
Fait sa cour à l'aurore et joue dans le muguet.
Sous des pommiers rugueux empanachés de blanc,
Des boeufs calmes et lourds, rêvent en ruminant.
Dans les bois d'alentour glapit quelque renard.
A la mare argenté où flotte un nénuphar,
S'abreuve un fin brocard; s'y vautrant dans sa bauge,
Là, le vieux sanglier s'endort parmi les sauges.
C'est par là qu'autrefois, l'école buissonière
M'amena bien souvent errer dans les clairières.
Et le charmant chemin délaissant les pâtures,
Court enlacer plus loin, blottie dans la verdure,
Désuète et jolie, une petite église,
Coiffée d'un fin clocher, ornée d'essentes grises
. Cette petite église, ah ! qu'elle est adorable
Dans son style ogival et son cadre admirable !
Dans l'humble cimetière aux dalles effondrées,
Elle garde les morts des tombes oubliées.
face aux assauts de l'Est, comme des sentinelles,
de vieux cyprès noueux, semblent veiller sur elle
Et dans l'enclos voisin, vieille duègne discrète,
Une chaumière assure une garde secrète.
C'est cela VITOTEL ! quelques maisons aussi,
Quelques petits sentiers verdoyants et fleuris,
Où passe, galopant, une jeune écuyère
Sur sa ponette noire, aimable et familière
Dans la cour un agneau qu'un enfant apprivoise
Tandis qu'un pigeon blanc roucoule sur l'ardoise.
Après s'être attardé, comme pour dire adieu,
Près des vieux murs de bauge, embellis d'iris bleus,
L'humble petit chemin s'en va vers son destin :
La grande route ! Moloch des modestes chemins !
Ah ! C'est bien à regret qu'il quitte Vitotel
Et va rejoindre auloin les modernes Babel !
VITOTEL c'est aussi les heures d'autrefois
Que le temps dans sa fuite oublia près des bois.
C'est l'ambiance en laquelle au sein de la nature,
Nos pères ont vécu, sans grandes aventures,
v Un bonheur calme et simple, aujourd'hui disparu.
VITOTEL est peut être un paradis perdu ! R.DEMARCY Mai 1977